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Rendez-vous avec Thomas Pesquet à la Cité de l'Espace de Toulouse

Publié le par Charisson dans l'Espace

Ce Vendredi 03 Juin 2022, l’Astronaute Français Thomas PESQUET retrouvait son public à la Cité de l’Espace de Toulouse.

Ce rendez-vous incontournable pour ses fans et les passionnés de spatial et de sciences a vu se réunir 5000 personnes dans les jardins de la cité.

Jardin de la Cité de l'Espace - Crédit : Spaceblog

Jardin de la Cité de l'Espace - Crédit : Spaceblog

Mais avant ce grand moment, c’est avec la presse que Thomas avait rendez-vous, un moment qui a permis de revenir sur de nombreux points qui lui tiennent à cœur, sur la coopération internationale et sur le futur des missions spatiales.

Avant de commencer cette conférence c’est Jean-Baptiste DESBOIS, Directeur de la Cité de l’Espace qui a pris la parole pour remercier l’astronaute Français de sa venue dans ce lieu (avec le concours des équipes de l’ESA et du CNES, organisateurs de cette rencontre), et de souligner l’amitié profonde entre Thomas PESQUET (depuis le jour où ce dernier a été désigné astronaute en 2008) et plus largement le monde des astronautes avec la Cité de l’Espace.

Il a aussi souligné que la Cité fêtait cette année ses 25 ans avec un grand rendez-vous prévu fin juin sur lequel nous reviendrons prochainement.

Il a ensuite remercié les journalistes pour leur implication dans le monde du spatiale, qui, grâce à la continuité de l’information, a permis à la Cité de l’Espace de poursuivre ses actions éducatives et informatives sur les missions spatiales auprès du grand public, pendant ces mois où le monde a été chahuté.

La cité de l’espace a d’ailleurs tout mis en œuvre pour cette continuité avec le carré de l’actu, un lieu dédié à l’actualité spatiale et qui accueil des expositions vous faisant vivre tous les moments forts des missions spatiales, les expériences Françaises et Européennes, ainsi que la découverte des équipes de l’ESA et du CNES et de leurs métiers. Il est vrai que donner l’envie à nos jeunes de découvrir, outre le métier d’astronaute, et d’avoir envie de faire un de ces métiers dédiés à la sciences et/ou à l’espace, est une vraie vocation pour la cité de l’espace.

Carré de l'Actu - Crédit : Spaceblog

Carré de l'Actu - Crédit : Spaceblog

C’est ensuite Thomas qui a pris la parole afin de répondre aux questions des journalistes présents.

Thomas a d’abord remercié les journalistes de leur présence en rappelant que le dernier rendez-vous qu’il avait eu ici avec eux datait de son retour après sa première mission PROXIMA. Il a exprimé sa joie de voir rouvrir les portes de la Cité de l’Espace, et plus largement des lieux de culture, de diffusion, du savoir et d’informations, maintenant que nous étions « revenu dans un monde à peu près normal » et d’espérer que cela dure. Il nous a indiqué qu’il était aussi heureux de pouvoir parler avec le public, pas juste parce qu’il avait suivi la mission ALPHA, mais parce que les thématiques abordées lui tiennent particulièrement à cœur, qu’il essaie de parler de sujets importants pour lui comme l’environnement, l’éducation ou la parité garçons et filles.

Preuve en ai que ces actions fonctionnent, le recrutement de la nouvelle section astronaute dont il s’est occupé à vue un grand nombre d’inscriptions dont énormément de candidats Français, parmi lesquels on retrouvait beaucoup de filles, ce qui est une bonne chose.

En effet, les filles sont peu nombreuses à se tourner vers les métiers de la science alors qu’elles en ont largement les capacités.

Thomas Pesquet lors de la Conférence de presse - Crédit : Spaceblog

Thomas Pesquet lors de la Conférence de presse - Crédit : Spaceblog

LE CREW DRAGON A « UN DESIGNE PLUS ÉPURÉ »

Thomas est revenu sur son expérience de vol sur les différentes capsules et notamment sur le Soyouz (Russe) et le Crew Dragon (Américaine) en expliquant que le principe physique pour aller dans l’espace ne change pas. La capsule Crew Dragon a « Quelque chose de plus moderne évidemment. Un design plus épuré », mais au final ce qui compte le plus pour le spationaute et ses collègues « c’est que ça marche, que ce soit sûr et que tous les cas de figures soient pris en compte, ce qui est le cas », et de préciser le travail pharaonique et l’expérience des équipes de SPACE X.

Même s’il est vrai que les vols vers la station spatiale internationale ne sont jamais de tout repos. Thomas PESQUET a connu un épisode de débris spatiaux pendant la montée qu’il a fallu éviter, il le dit lui-même « Le véhicule a fonctionné de manière absolument nominale. » La capsule qu’a utilisé l’astronaute est d’ailleurs retournée plusieurs fois dans l’espace depuis son vol, ce qui est la force de ces capsules, « ça va très vite dans le monde de SPACE X ».

Il souligne toutefois que si la mission est une réussite, ils ont eu un petit problème de toilettes lors du retour sur Terre et ont dû désactiver ces dernières. Heureusement, la descente a duré moins de 8h00, sachant que certaines trajectoires duraient 54h00, il le reconnaît avec humour « ça aurait été moins confort pour le faire sans toilettes ».

Ce qui est agréable avec Thomas, comme avec la plupart des professionnels du secteur spatial que nous avons le plaisir de rencontrer et d’interviewer, quel que soit leur profession et leur notoriété, c’est qu’ils sont disponibles et ont beaucoup d’humour.

FIN DE LA MISSION ALPHA

Thomas vient de terminer les activités de la phase d’après mission et qui a duré 6 mois et pendant laquelle il a été livré aux mains des scientifiques pour la collecte de données scientifiques, « Des expériences dont on est surtout le cobaye ». Pendant cette phase, il répète les protocoles qu’il a réalisé à bord de la station, ce qui permet de voir l’évolution des différences entre les phases d’avant mission et celles effectuées pendant la mission. Cela prend du temps avec en plus la remise en forme, les débriefings et les réunions pendant lesquelles les astronautes indiquent ce qui a bien marché et ce qui peut être fait afin d’améliorer les choses. Sachant que ces comptes rendus se font avec tous les acteurs de la mission, scientifiques, SPACE X, NASA, ESA, CNES et les partenaires internationaux comme les Japonais, les Russes et les Européens.

D’ailleurs pour marquer la fin officielle de l’expédition 65 dans laquelle était Thomas PESQUET, la NASA organise une activité un peu symbolique qui consiste à accrocher la plaquette de leur expédition au mur du centre de contrôle à HOUSTON au TEXAS (USA).

C’est maintenant l’heure de prendre un peu de vacances avant de revenir assez vite parce que le calendrier des missions vers la Lune est chargé.

Photo Patch mission 65 - Crédit : NASA

Photo Patch mission 65 - Crédit : NASA

OBJECTIF LUNE

La Lune, prochain gros objectif des missions spatiales avec « un premier tir non habité cet été sans aller autour de la Lune, sans se poser, sans descendre, puis 2024 et ensuite 2025, 26 et 27 » nous confit-il avant d’ajouter « Les vols habités vers la Lune dans lesquels l’Europe et l’Agence Spatiale Européenne (ESA) auraient voix au chapitre ».

Il va donc falloir reprendre l’entraînement assez vite, « donc admettons les premiers voyages c’est 2025, ou même 2026, deux ou trois ans avant, c’est déjà l’année prochaine ».

Vue d’artiste d’un vaisseau SpaceX quittant une colonie lunaire - Crédit : SpaceX

Vue d’artiste d’un vaisseau SpaceX quittant une colonie lunaire - Crédit : SpaceX

En attendant, Thomas va avoir un peu de temps jusqu’a la fin de l’année pour travailler dans le cadre de la sélection des astronautes par exemple ou sur d’autres sujets, « Il y a toujours du boulot à faire pour s’occuper de nos collègues qui sont dans la station, une Italienne (Samantha CRISTOFORETTI) en ce moment, un Allemand (Matthias MAURER) qui vient de revenir, et on entraine un Danois (Andreas MOGENSEN) ensuite de l’ESA qui va prendre la relève ».

Photo des astronautes Samantha CRISTOFORETTI, Matthias MAURER et Andreas MOGENSEN - Crédit : ESA
Photo des astronautes Samantha CRISTOFORETTI, Matthias MAURER et Andreas MOGENSEN - Crédit : ESA
Photo des astronautes Samantha CRISTOFORETTI, Matthias MAURER et Andreas MOGENSEN - Crédit : ESA

Photo des astronautes Samantha CRISTOFORETTI, Matthias MAURER et Andreas MOGENSEN - Crédit : ESA

Ensuite, retour à l’entrainement physique et technique pour se familiariser avec les différents véhicules, celui qui va permettre d’effectuer la croisière vers la Lune (comme les capsules Apollo) et celui qui va leur permettre de descendre se poser sur le sol lunaire (un nouveau LEM), sur les traces d’Armstrong. Enfin l’entrainement sera complété par celui des opérations de surface qui seront une vraie nouveauté pour nos MoonMen en herbe, « Je n'ai pas connu, donc si j'ai la chance, ou si on a la chance de descendre sur la surface, au moins s'entraîner pour ça. On n'a pas connu ça depuis les années Apollo, autant l'entraînement pour la station spatiale, que ce soit Soyouz, Crew Dragon, etc les sorties extravéhiculaires, on a l'habitude, l'entraînement de surface, on n'a pas connu ça ».

Photo LEM - Crédit : Blue Origin

Photo LEM - Crédit : Blue Origin

Il va falloir que Thomas se remette, comme à son habitude, dans le métier d’astronaute, réapprendre, repartir, comme il le dit lui-même «. Je ne dis pas de zéro, mais il faut un peu d'humilité quand même dans ce boulot. Parce que si on croit qu’on sait tout dans ce boulot ça ne marche pas. »

Voilà ce qui l’attends dans les prochaines années, lui et les autres, car il le sait, il n’est jamais seul dans ses missions.

THOMAS ASTRONAUTE, MAIS THOMAS PHOTOGRAPHE ET TWITTONAUTE DE L’ESPACE

C’est aussi cela qui plait au public, adulte et enfant, qui grâce à Thomas a la tête dans les étoiles. Les photos qu’il partagent depuis l’ISS à chaque mission et qui, comme il le souligne, sont faites sur son temps libre, « Ce n'est pas anodin, tu sais, les photos depuis la station spatiale. Tout ça, c'est pas des choses pour lesquelles on a du temps dans l'emploi du temps, tu sais. C'est pas comme si dans la journée on te disait tu as 2 h pour faire des photos. On a de 7 h 30 le matin à 20 h le soir. On a un emploi du temps qui est contrôlé, qui est plutôt scientifique, technique, 100 % scientifique, technique, avec aussi le sport et un petit peu un petit moment pour manger le midi. Mais tout ce que tu fais sur les réseaux sociaux, les photos et les vidéos, tout ça, ça vient vraiment en plus, tu vas le faire le dimanche, tu vas le faire le soir après 20 h, tu vas le faire la nuit, tu vas le faire le matin en te levant très tôt. »

Certains de ses collègues préfèrent ne pas le faire ou très peu car ils ne sont pas là pour les réseaux sociaux, même si on est content que les gens dans la station spatial twittent : « c'est pas une obligation parce que l'agence spatiale n'envoie pas des gens dans la station pour Twitter ».

Mais lui il aime ça, il aime partager avec les gens, c’est important parce que les thématiques qu’il touche à travers ces photos sont importantes. Il dit souvent aux personnes qu’il rencontre « de pas se limiter si tu veux. Je leur dis mais inscrivez-vous aux concours, c'est pas grave, arrêtez de dire j'ai aucune chance, vous savez pas, on verra et puis de toute façon même si ça ne marche pas tu vas rencontrer quelqu'un qui fait que la prochaine fois, tu vois, c'est en s'engageant sur le chemin qu'il se passe des choses…Si tu veux quelque part, vraiment, ça fait chaud au cœur de voir ça ».

Même si Thomas ne se considère pas comme un héros, c’est une fierté pour lui de se dire « il y a un gars ou une fille qui va être astronaute et qui l’aurait pas été. »

Photo Le Mont Saint Michel par Thomas et Photo de Thomas PESQUET photographe spatial - Crédit : ESA/NASA
Photo Le Mont Saint Michel par Thomas et Photo de Thomas PESQUET photographe spatial - Crédit : ESA/NASA

Photo Le Mont Saint Michel par Thomas et Photo de Thomas PESQUET photographe spatial - Crédit : ESA/NASA

ET LA SELECTION D’ASTRONAUTE ?

La sélection en cours des futures astronautes peut aussi être un tremplin pour que certains candidats rebondissent sur autres choses, venir travailler à l’ESA par exemple, cette expérience va leur ouvrir des portes, Thomas en est convaincu, leur donner l’inspiration, c’est ça le but en fait pour lui. Il sait que se travail, il ne l’a pas fait seul et que beaucoup de personnes l’ont aidé, cela s’est simplement concentré sur lui « Ça se cristallise un peu sur moi, évidemment il y a des gens qui m'ont aidé, mais ça a marché, ça fait plaisir ». On comprend mieux qu’avec cette façon de penser et d’agir il regroupe autant de monde autour de lui et que les gens se passionnent pour les aventures de ce petit prince des temps  modernes.

Recrutement astronaute - Crédit : ESA

Recrutement astronaute - Crédit : ESA

PARLONS ECOLOGIE, PARLONS DEBRIS !

Bien entendu, mission spatiale et écologie amènent notre astronaute à nous parler du problème des débris spatiaux. Pour lui il y a effectivement un « sujet de débris spatial », mais il n’est pas d’accord avec cette représentation un peu STAR WARS que l’on a des débris regroupés en nuage autour de la Terre à tel point que l’on doit naviguer entre eux pour passer. Comme il le dit, « il faut remettre l’église au milieu du village », ce sont des trucs de la taille d’une pièce de 2€, donc il y a quand même la place de passer pour lui. Même s’il trouve cela gênant, notamment dans l’exploitation et l’exploration, il précise qu’aujourd’hui le traitement des débris spatiaux commence dès la conception des missions spatiales. A l’ESA, il existe un service qui s’appelle CLEAN SPACE et dont le travail est de faire en sorte que l’impact des missions spatiales soit minime sur l’environnement. La prise en charge du problème des débris spatiaux en fait partie tout comme l’utilisation de peintures non toxiques et de bien d’autres thématiques. En fait, on prévoit la fin de vie d’un engin spatial avant même sa conception, on garde par exemple un peu de carburant pour désorbiter un satellite en fin de vie afin qu’il brule dans l’atmosphère. Quant aux projets pour récupérer les débris, c’est très compliqué parce que tout cela vole à des vitesses très, très rapide. C’est comme si 2 balles de fusil se croisaient mais en beaucoup plus rapide. Il faudrait, en orbite, réussir à capturer une chose qui passe à 10 fois la vitesse d’une balle et de manière perpendiculaire, ce qui est loin d’être simple. Des projets existent, comme des filets par exemple. L’important c’est que l’ensemble du secteur spatial se sente concerné et travail de plus en plus à la gestion des débris.

Représentation de débris spatiaux - Crédit : shutterstock

Représentation de débris spatiaux - Crédit : shutterstock

RETOUR D’EXPERIENCES ET EXPERIENCES MARQUANTES

Les missions ça marque l’esprit et les expériences pratiquées lors de ces missions aussi. Thomas nous raconte l’une de celle qui l’ont marqué. Il s’agissait d’une expérience sur les muscles, ils avaient de petits vers dans la station qui ont, apparemment, plein de code génétique en commun avec l’homme.

L’expérience consistait à étudier l’atrophie musculaire chez ces vers en apesanteur dans la station, « parce qu’évidement les astronautes on ne peut pas vraiment les disséquer et quand ils reviennent malheureusement les vers c'est ça qui leur arrive », nous confie-il. Grace à cela on apprend beaucoup plus sur des maladies comme la myopathie. Ce sont des expériences complexes qui traitent un peu le vivant, et ça, ça rend les choses plus intéressantes que d’appuyer sur un bouton. Il nous parle aussi des expériences réalisées sur les protéines et les cristaux de protéines qui sont très difficiles à créer sur Terre à cause de leur structure fragile qui s’effondre sous leur poids. Dans la station les astronautes peuvent créer des cristaux plus grands, plus purs et ensuite les figer pour les renvoyer sur Terre en laboratoire. C’est avec ce travail que les laboratoires peuvent fabriquer des médicaments qui ciblent le récepteur d’une cellule cancéreuse par exemple au lieu d’en cibler plusieurs au petit bonheur la chance.

Bien entendu, les astronautes comme Thomas PESQUET ne sont pas des spécialistes dans tous les domaines, c’est pour cela que des procédures sont écrites par des scientifiques. Ces procédures sont ensuite « spacialisées » par des ingénieurs afin de pouvoir rejoindre l’ISS. Les astronautes s’entrainent avant les missions sur le matériel de chaque expérience, ils apprennent, ils sont guidés avec des caméras. Ce sont « des petites mains » comme dit Thomas, « on essaye de pas rater la plupart du temps ».

Photo expérience Molecular Muscles - Crédit : ESA/NASA

Photo expérience Molecular Muscles - Crédit : ESA/NASA

Photo Pacth experience - Crédit : UK SPACE AGENCY

Photo Pacth experience - Crédit : UK SPACE AGENCY

UN LANCEUR HABITÉ EUROPÉEN, RÊVE OU PROJET ?

Une image d’Ariane 6 habitée a circulé sur les réseaux sociaux, il a donc été posé à Thomas la question d’un tel programme à l’ESA.

Effectivement ils en parlent, « Je n'ai pas de boule de cristal, je sais que j'aimerais bien. Je trouverais ça sympa, on en parle ». L’actualité et le contexte du moment avec la guerre en Ukraine a mis en avant les problèmes liés à la dépendance d’autres puissances pour nos affaires spatiales. En fait ce n’est pas une vrai bonne idée temps qu’on s’entend bien. Il nous rappelle qu’a l’origine de la fusée Ariane, nous faisions nos satellites qui étaient envoyés par les américains, puis un jour ils nous ont dit : « non, celui-là on ne va pas vous le lancer, on préfère être les seuls à avoir ce genre de moyens en orbite ». Une suprématie que le Générale De Gaulle n’a pas acceptée, et il a dit : « qu’à cela ne tienne, on pourrait les lancer par nous-même », et voilà le programme Ariane était né.

Aujourd’hui les relations sont tendues avec nos partenaires Russes et on se rend compte qu’il y a plein de choses qu’on aimerait faire nous-même. Il y en a que nous faisons déjà comme Ariane 5 pour l’accès à l’espace, Galiléo pour le GPS, l’observation de la Terre ou la météo. Ce qu’il nous manque c’est un lanceur moyen intermédiaire, mais ça, Ariane 6 va le combler on espère ainsi que VEGA.

Les instances nous ont donc demandé de regarder ces thématiques du vol habité européen. Cette réflexion devra être faite de façon raisonnable, voir si c’est une vraie solution et surtout, savoir si on est capable de le faire et avec quelles technologies, « Donc moi j'espère, ce sera quand même sympa de pouvoir avoir accès à l'espace ou à la surface de la Lune de manière autonome ou du moins à un partenariat à un peu plus grande échelle avec les Européens ». Une réunion ministérielle doit avoir lieu en fin d’année à ce sujet.

Études et concepts exploratoires de capsules habitées dérivées de l'ATV, de tours d'extraction et d'une Ariane 5 adaptée au vol habité - Crédit : AIRBUS

Études et concepts exploratoires de capsules habitées dérivées de l'ATV, de tours d'extraction et d'une Ariane 5 adaptée au vol habité - Crédit : AIRBUS

Une Ariane 6, dans sa version habitée avec, à son bord, une capsule de transport d'équipage. Notez, à gauche de l'image, le toboggan d'évacuation d'urgence - Crédit : CNES

Une Ariane 6, dans sa version habitée avec, à son bord, une capsule de transport d'équipage. Notez, à gauche de l'image, le toboggan d'évacuation d'urgence - Crédit : CNES

L’AVENIR DE LA COOPERATION INTERNATIONALE

On voit bien que les tensions internationales actuelles posent des problèmes, et même, si pour l’instant, les engagements pris, continuent à être honoré à bord de l’ISS, certaines choses qui étaient faites en commun se retrouvent à être faites chacun dans son coin. L’exemple que nous donne Thomas de cette expérience allemande où les Russes devaient être opérateurs et dont les instances ont fait le choix de faire autrement n’est pas anodine. Cependant une chose reste commune, c’est le fait de continuer à faire voler la station, les équipes des centres de contrôle continuent à travailler ensemble, en bonne intelligence. Comme nous le rappel Thomas, les membres des équipages Russes ne sont pas devenus du jour au lendemain mauvais, ce sont des personnes avec qui il a vécu plein de choses, avec qui il a volé, en générale des amis même. Evidemment, certains sujets ne sont pas abordés, « c'est comme dans tout repas de famille ou comme dans tout voyage », mais au sein de la station, ça continue à bien se passer. 

Par contre on ne prend plus de décision sur des engagements de coopérations. Quant à l’ISS, « on ne peut pas la couper en deux, c'est pas possible. C'est une vue de l’esprit c’est une de théorie, tu peux pas faire ça. C'est comme couper un sous-marin en deux. Imaginons maintenant chacun repars dans son coin, avec sa moitié de sous-marin, comment tu fais ça ? Ça marche pas ». Et les missions sur la Lune se feront sans travailler avec les Russes, qui parlent déjà de travailler de leur côté avec les Chinois. Après peut-être que dans 20 ans on verra une mission sur Mars avec une coopération internationale, les Russes, les Chinois, les Indiens, l’Europe, pourquoi pas.

Photo équipage expédition 51 de gauche à droite Peggy WHITSON (USA), Oleg NOVITSKI (RUSSIE) et Thomas PESQUET (France) - Crédit : AFP

Photo équipage expédition 51 de gauche à droite Peggy WHITSON (USA), Oleg NOVITSKI (RUSSIE) et Thomas PESQUET (France) - Crédit : AFP

Ô MON PAÎS, Ô TOULOUSE, Ô TOULOUSE

Pour revenir plus prêt de chez nous, voir même au-dessus de Toulouse, Thomas nous explique que trouver une ville depuis la station n’est pas aussi simple que ça, « les villes, mine de rien, ça se confond un peu dans l'environnement. Il y a de la verdure, il a des couleurs, etc. Et puis quand c'est au bord de la mer, on arrive à peu près à reconnaître les côtes. Mais au milieu ». Il a mis un moment pendant sa mission PROXIMA pour trouver Toulouse. Il précise d’ailleurs que son surnom de ville rose est bien porté car c’est la couleur que l’on voit depuis l’espace lorsqu’on la regarde.

Après avoir pris l’habitude de trouver Toulouse, il a eu à cœur de retrouver ces lieux où il a grandi, en tant qu’étudiant avec SUPAERO, la Cité de l’Espace, l’Aéroport de Toulouse-Blagnac ou encore AIRBUS. Certaines des photos qu’il a prises ne sont toujours pas publiées, et peut-être que nous en verrons apparaitre cet été, à surveiller !

Photo Toulouse par Thomas PESQUET - Crédit : ESA/NASA

Photo Toulouse par Thomas PESQUET - Crédit : ESA/NASA

LES EVA ON S’EN LASSE PAS

Lorsqu’on pense à Thomas, on pense aussi à ces sorties extravéhiculaires (EVA) dont il est le recordman européen, une grande marque de confiance de la NASA. Mais même si on prend des habitudes, surtout lorsqu’on fait des sorties avec le même binôme, en l’occurrence l’astronaute américain Shane KILBROUGH, les gens en charge des les aider à sortir ont une check-list assez développée pour faire en sorte que tout se passe bien. Malgré tout, lorsqu’on sort de l’ISS, c’est toujours super impressionnant, et la diversité des programmes de chaque EVA, ne permet pas de tomber dans la routine. Un peu comme si chaque sortie était une première et que tu doive réapprendre certaines choses, une remise en question permanente pour éviter les erreurs, « Si tu es trop confiant, si tu ne fais pas attention, c’est là que tu fais une erreur ».

Photo EVA Thomas PESQUET - Crédit : ESA/NASA

Photo EVA Thomas PESQUET - Crédit : ESA/NASA

LES MILLIARDAIRES DANS L’ESPACE ONT-ILS LEUR PLACE ?

Quand on l’interroge sur les vols de milliardaires, il est très clair, « ce n’est pas notre quotidien à nous », ce sont des vols qui ne sont pas scientifiques, après même s’il regarde ça d’un œil non critique, il se dit que si la trajectoire est vertueuse ou s’ils intègrent des objectifs scientifiques, pourquoi pas. Par contre, si ces vols ne sont que des amusements d’ultra riches, c’est certain que cela n’a rien à voir avec ce qu’il fait, lui ne va pas dans l’espace juste pour le plaisir mais pour que cela serve au plus grand nombre. Le public doit bien comprendre que ce sont deux choses totalement différentes.

ET LA SPIRITUALITÉ DANS TOUT CA ?

Nous lui demandons si ses missions ont agi sur sa spiritualité : « j'ai l'impression d'être resté le même, mais ça change des choses. Peut-être pas au niveau très spirituel, il y a la prise de conscience de l'environnement. Comment mettre la planète à l'échelle de ta perception ? Ça, ça change quand même ta compréhension et ta position, comment tu positionne toi même dans le problème ». Il nous raconte un moment un peu spécial qui lui est arrivé, se retrouver dans les embouteillages 2 jours après être revenu sur Terre, c’est un peu étrange mais il pense que l’on se réhabitue : « On est quand même des champions du monde de l'adaptation, tu vas sur la banquise au bout d'un mois, ça paraît normal de dormir dans un igloo. On est fait pour ça, tu rends ton environnement normal en fait pour pouvoir fonctionner et c'est comme ça dans la station. Et c'est comme ça quand tu reviens ».

 

THOMAS SUR MARS, IL FAUT VOIR !

Les enfants rêve de voir partir Thomas sur MARS, mais est-ce vraiment un rêve atteignable pour le spationaute Français ?  

« il faut en passer par la Lune, je crois que maintenant c'est clair pour tout le monde. On a eu ce débat, mais les distances étant ce qu'elles sont, les proportions étant ce qu'elles sont. Moi, je dis toujours la lune, c'est 1000 fois plus loin que la station spatiale, c'est 384 millions de kilomètres pour dire 400 000 kilomètres. Nous c'est 400 kilomètres et un facteur 1000. La station spatiale tu mets 3 h à revenir sur Terre, la Lune tu mets trois jours. Mars, c'est entre 40 millions et 400 millions. Il y a quasiment encore un facteur 1000 et si tu as un problème sur une trajectoire vers Mars le premier jour. Tout ce que tu peux faire, c'est faire 300 jours aller, le tour de la planète, 300 jours retour. Tu peux pas faire demi-tour sur une trajectoire Mars, c'est pas possible…le moindre truc peut prendre une importance dingue, tu as une rage de dents le jour 1, tu pette un moteur, t’as un problème d'oxygène, t'as plus à manger, t'as n'importe quoi et même le côté psychologique, on n’en parle même pas de 300 jours, on n’aura pas la recherche à faire ce qui nous occupe sur l’ISS, c'est le confinement de chez confinement. Tu vois t’es dans un petit véhicule pendant 300 jours, t’est suspendu. T'as pas l'impression ni d'avancer ni de reculer parce que t'as aucune perspective visuelle. C'est un truc à devenir fou et les risques sont immenses ».

Et là il ne parle même pas de l’arrivée sur la planète, c’est pour cela que l’étape de la Lune est obligatoire.

La Lune prochaine étape de la conquête spatiale, avec SLS 2025, 2030 et 2035. Thomas est encore dans sa carrière, par contre après 2035 ce sera place aux jeunes, peut-être moi, en attendant notre spationaute nous fera certainement vivre encore de nombreuses aventures autour de la Terre, sur la Lune ou plus loin vers les confins de notre système solaire. Quoi qu’il en soit nous serons là pour le suivre et vous faire vivre ses aventures extraordinairement spatiales.

Photo Thomas PESQUET estrade devant public - Crédit : Spaceblog

Photo Thomas PESQUET estrade devant public - Crédit : Spaceblog

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